"Delle cartoline postali,quelle del linciagio degli afro-americani sono esposte agli Incontri Fotografici d'Ales in Francia,esse non sono mai uscite dagli stati Uniti,una prima e una lezione di Storia che ci prende letteralmente alo stomaco,uomini,donne,bambini assistono ai linciaggi come se si trattasse di una scampagnata.le cartoline postali erano vendute dovunque..."
Des cartes postales de la honte, celles des lynchages des afro-américains, sont exposées aux Rencontres photographiques d'Arles. Elles ne sont jamais sorties des Etats-Unis, c'est une première et c'est une leçon d'histoire par les tripes et la nausée.
Regardez-bien cette photo, il y a ce que vous voyez ,ce que vous suspectez de bien voir, ce que vous n'imaginez même pas de la véracité de ce cliché en noir et blanc. L'horreur dans toute sa plénitude...."Without Sanctuary" est le titre de cette accumulation du racisme ordinaire et officiel dans l'Amérique des premières quarante années du XXème siècle.
Une fois les escaliers gravis du cloître St-Trophime, ce sont de petits cadres noirs avec dedans des cartes postales jaunies, écornées que l'on entrevoit. A l'arrière d'une carte, quelques mots de cette belle calligraphie de nos grands-parents. Les phrases sont en anglais, du style: "voici notre barbecue d'hier soir...signé Joe".
Les deux hommes dont les corps meurtris et sans vie se balancent au bout d'une corde devant une foule réjouie s'appelaient Thomas Shipp et Abram Smith. Ils ont été lynchés le 7 août 1930 à Marion dans l'Indiana. Ils sont afro-américains. La masse d'hommes, de femmes et d'enfants joyeux sont les spectateurs dans le meilleur des cas, les lyncheurs au pire comme au naturel...
Ces cartes postales exposées avaient une mission de commémoration, de célébration commente Doug Shipman, le commissaire de cette exposition et directeur exécutif d'un Centre pour les droits humains et civiques à Atlanta. C'est James Allen qui, patiemment, a recherché toutes ces traces, ces cartes postales prises par des photographes professionnels, des images réalistes et parlantes qui devaient circuler comme autant de mise en garde aux Etats-Unis: "le lynchage existe", "on le pratique", une façon "d'intimider", "d'opprimer" les afro-américains jusqu'à la veille des années quarante. Les lynchages étaient publics, relayés par les grands journaux. Une euphorie généralisée.
Dans cet endroit religieux arlésien où les cartes postales sont accrochées, on chuchote. Les mines sont graves au fur et à mesure que l'on regarde photographie après photographie: des mutilations, des corps calcinés, des foules en liesse qui piétinent des corps déshumanisés, en lambeaux. Les spectateurs croisés ont tous le même geste de la main qui vient se poser sur la bouche pour contenir un cri de dégoût, écraser une larme aux coins des yeux.
Tout est horreur et d'une banalité confondante dans ces clichés d'une certaine Amérique. Pas question de photomontages ici, la réalité abjecte suffit et d'un coup c'est tout un pan de la sale histoire de l'Amérique qui nous est envoyé à la figure. Parce que la plupart des lynchés sont noirs, il a fallu du temps pour voir un début de mobilisation contre ces soirées de pendaison dénoncées dans la célèbre chanson de Bob Dylan "Desolation Row". Elle commence par "Ils vendent des cartes postales des pendaisons"...
Ces bouts de carton qui lèvent le coeur de dégoût se comptent par milliers, toutes les familles se les arrachaient...des cartes postales macabres. Les victimes comme Thomas Shipp comme toutes les autres ne sont pas considérées comme membres à part entière de la société, alors cela ajoute à nos nausées. On retrouve ici tous les ingrédients de la folie de la foule: un public, un consentement au meurtre et une absence totale d'empathie pour la victime de la part du public comme du photographe. "Un barbecue entre amis" écrit naturellement l'expéditeur de la carte postale, tout est dit..
Quand la technique a permis à la petite classe moyenne blanche d'acquérir un appareil photo, celle-ci s'en est servie pour déclarer une fois de plus que les noirs sont pour eux des "êtres inférieurs", "rien que des nègres". Les photographies sont à peine retouchées, les parties génitales obscurcies par puritanisme, et les américains les collaient dans leurs albums, les accrochaient dans leurs commerces.
Ce qui manque dans ces photographies, c'est la honte. Ces lyncheurs se sont-ils lavés avant de retourner chez eux ou avant de rejoindre leur famille sur les bancs de l'église? Ces questions se sont celles que posent James Allen qui tente de comprendre et qui conclut qu'il y avait de la dignité. Mais dans l'autre camp, celui des victimes comme celle d'une mère qui, au printemps 1906, passa le soir du dimanche de Pâques à regarder, depuis une colline voisine, son fils brûler jusqu'au cendres, qui attendit que la besogne soit terminée que le dernier des traineurs ivres s'en soit retourné pour, avec son seul désespoir comme compagnon, se rendre en douce à l'endroit du bûcher et mettre dans une boîte à chaussures les quelques cendres de son fils que la meute et le vent avaient épargnées...
Dans la chaleur de l'été Arlésien, en short, en tongs, les visiteurs sortent traumatisés de cette exposition document.
"Without Sanctuary" (pas de refuge) est la propriété du Center for civil and Human Rights, Atlanta, Géorgie. Elle est présentée pour la première fois hors des Etats-Unis. Elle est à voir à Arles jusqu'au 30 août.
L'articolo è stato segnalato da Sonia
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